Le Four 

Jusqu’au milieu du XIX° siècle, les Saintiers réalisent les cloches sur les lieux de livraison. Vient alors la construction du four, système dit à réverbère, qui se trouve naturellement en contre-haut des moules enterrés. Son fond était fait de bonne terre mélangée à de l’argile, le reste étant des briques liées d’argile et à de la potée plus ou moins fine.

Intérieur du Four: à gauche et à droite les ouvertures des cheminées, en face celle pour la coulée

Le combustible se trouve dans une chauffe spéciale et envoie une flamme par-dessus. Le métal composé de 78% de cuivre rouge et de 22% d’étain, était chauffé, remué, et écumé. Lorsque l’airain atteint une température de 1.200°, au moins cinq heures plus tard, le moment solennel était arrivé. Le Maître Fondeur, armé de sa grenouillette, enfonce le bouchon du trou de coulée: le liquide en fusion s’écoule alors dans les écheneaux construits de briques menant le liquide aux différents moules. Plusieurs cloches naissent, sauf lors de très grosses coulées. Si cette opération ne dure guère plus de deux à quelques minutes, la création du moule prend facilement un à deux mois.

Porte et cheminée droite du four
(vue par celle-ci, l'emplacement du métal et la cheminée de gauche)

De ce moment, très délicat, dépend non seulement une belle œuvre, mais également la vie des Ouvriers. Jusqu’au XVIII° siècle, les accidents n’étaient pas rares, et lorsqu’un ouvrier trépassait, on disait alors qu’il était mort en campagne. Un à plusieurs jours plus tard (suivant la masse de métal), on déterre la cloche encore tiède, le moule était brisé. Elle apparait pour sa toilette à l’aide de brosses métalliques, de sable et d’eau pour son ébarbage et son polissage. On procède à sa pesée et, tel un nouveau-né, elle pousse ses premiers cris attendus avec autant de plaisir que d’appréhension.

La pose du battant, dont le poids représente tout de même le vingtième de celui de la cloche est également une opération très importante. Mal étudiée ou mal positionnée, une cloche peut se fêler soit par le coup porté, soit par les ondes de chocs créées.

Le dernier acte consiste à la mise en place de l’œuvre finie. La plupart des clochers ou flèches ne comportant pas de trappes de cloche et n’ayant pas d’escaliers suffisamment larges, celles-ci sont hissées au beffroi par l’extérieur. Il arrive qu’une partie du pan de mur soit démoli pour laisser passer la Dame de Bronze. Dans l’Ouest de la métropole, toiture et charpente ont même été déposées puis replacées après l’installation.

Il va de soi que le clochetier doit aussi avoir des connaissances en maçonnerie et en résistance de matériaux. En effet, une cloche lancée à pleine volée dégage une poussée de 2,8 fois supérieure à sa masse. Je vous laisse donc imaginer les dégâts que causerait un bourdon dans un clocher non étudié à recevoir une telle force.

Façade avant du Four: au milieu l'ouverture pour la coulée ; derrière les cheminées

Four d'après l'Encyclopédie de DIDEROT ; Coupe d'un four d'une cloche en coulée

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