Ouégoa est une commune française de Nouvelle-Calédonie, au nord de la Grande Terre en Province Nord.
La commune fait partie de l'aire coutumière Hoot ma Waap.
Histoire
La découverte de l'or et de son compagnon, le cuivre
L'histoire de Ouégoa, est intimement liée à celles des mines de cuivre et d'or qui firent la fortune de cette région sur une période de vingt ans de 1870 à 1890. La recherche de l'or en Nouvelle-Calédonie avait débuté avant la prise de possession. Le commissaire Louis Bérard à bord de l'Alcmène en 1850 affirmait avoir découvert du quartz aurifère dans la région de Hienghène. En juin 1863, l'or sous forme de paillettes était signalé dans une couche d'argile à Pouébo par un groupe de prospecteurs dirigés par Emile Lozeron. En août 1869, le gouverneur Guillain pour motiver les recherches promit une licence gratuite de 25 ha de terrain aurifère plus une prime de 50 000 francs à qui pourrait produire 20 000 onces d'or dans les douze mois suivants la découverte d'un gisement payant. Le 10 septembre 1870, un groupe de quatre mineurs, Victor Hook, John Borgnis, George Piper et Elisée Bailly annonçaient par une déclaration officielle la découverte d'un gisement au lieu-dit "Moindine" (Manghine) sur la rive gauche du Diahot, site de la future mine de Fern-Hill. Dès la confirmation de la richesse du gisement connue, la nouvelle se propagera jusqu'à Sydney, attirant dans la région dès mars 1871 quantité de prospecteurs anglo-saxons qui ne trouveront rien et quitteront les lieux quelques mois plus tard. Au début de 1872, le cuivre fut découvert pour la première fois à Manghine non loin de la mine d'or. En octobre 1872 une découverte beaucoup plus prometteuse fut faite sur les bords du Bouéou ou rivière de Ouégoa par quatre anciens militaires, Péquillet, Sam, Joncourt et Vernier.
Le premier village de Ouégoa
L'exceptionnelle richesse des filons du site de Balade (déclaré le 21 octobre 1872) évaluée de 57 à 63% dans Le Moniteur du 15 janvier 1873, attirera très vite d'autres mineurs autour du point de la découverte, créant en l'espace de quelques mois un imbroglio de concessions non délimitées. Un premier village de mineurs - aujourd'hui dénommé Vieux-Ouégoa - se forma spontanément au pied de la mine de Balade, nécessitant que l'administration délimite officiellement un plan urbain du centre dès 1877. Les premiers lots furent attribuées en mai 1877 à un commerçant de la place, Bertrand Delrieu. En 1878, le village comptait 250 Européens, majoritairement des Anglais et une centaine de Kanak. Le village connaissait alors un extraordinaire boum urbain avec 53 concessions attribuées entre février et mars 1879. En juin 1879, Ouégoa devenait le chef-lieu du 5e arrondissement de la Nouvelle-Calédonie et en juillet, le gouverneur Olry instituait une commission municipale. Mais l'arrivée de condamnés (300 hommes pendant 20 ans) dans le cadre du contrat de "chair humaine" de la Balade (18 février 1878 en échange de l'usine sucrière de Bacouya à Bourail) à partir de mars 1878 modifiera profondément la composition de la population à Ouégoa. Peu à peu en effet, ces condamnés beaucoup moins payés (2 à 3 francs par jour) prirent la place des mineurs anglais (payés de 12 à 13 francs par jour) et même des libérés. Cette concurrence déloyale empêchera les autres mines de se développer puisqu'elles ne bénéficiaient pas de cette main-d'œuvre à bon marché. En 1881, il fut question d'ériger un camp pénitentiaire au pied de la mine pour héberger les condamnés. Le centre de Ouégoa au pied de la mine de Balade qui avait connu un développement spectaculaire au cours des années 1878-79 avec plus de 70 concessions urbaines octroyées, allait connaître un lent déclin jusqu'à la fermeture de la mine à la fin de l'année 1884. À cette époque, les travaux atteignaient près de 300 m de profondeur dans des conditions d'exploitation très difficiles avec la chaleur et les problèmes d'aération. L'exploitation s'était d'ailleurs déplacée à la fin de l'année 1883 plus en amont du creek (le Bouéou) sur le site de la mine Murat. La découverte du riche gisement cuprifère de Némou-Pilou (déclaré le 22 octobre 1884 par Louis Equoy), précipita l'abandon de la mine de Balade; Higginson s'étant porté acquéreur de ces mines dès novembre 1884 et les travaux débutèrent en janvier 1885.
Le Caillou et Manghine
Ce petit centre urbain sur la rive droite du Diahot tire son nom d'un gros rocher (aujourd'hui disparu) affleurant sur la rive droite du fleuve d'après Léon Gauharou (1882) dans sa "Géographie". En avril 1874, l'administration avait autorisé John Higginson qui avait déjà fait main basse sur les mines de Fern-Hill et de Balade à construire à l'aide de la main-d'œuvre pénale, un tramway hippomobile pour relier sur 5 km, Balade au Caillou, sur la rive droite du Diahot, point d'embarquement du minerai à destination de Pam mais aussi point de passage reliant Balagam sur l'autre rive à Ouégoa. De Balagam, un chemin conduisait à Manghine où se trouvaient les installations de l'usine traitant le quartz aurifère de Fern-Hill sur les bords du fleuve. Il n'y avait pas de centre urbain à Manghine et seules quelques habitations éparses existaient, celles de Bailly, Hook, Douzans et des commerçants Delrieu et Simmons. Dès 1875, l'administration fit délimiter un premier centre urbain de 46 lots au Caillou pour endiguer le développement anarchique des constructions qui se montaient auprès des hangars de la Compagnie de Balade. En janvier 1876, un commerçant, Joseph Henochsberg déjà illégalement installé au Caillou régularisait sa situation en acquérant trois lots. En 1898, à peine une quinzaine de lots avaient trouvé preneurs.
Parari (Paraoua), vallée de Ouamali
La présence de forçats avait obligé l'administration à édifier plusieurs camps pénitentiaires: le premier dit des Arabes, début 1875 (en contrebas du futur fort militaire), érigé lors de la construction du tramway, puis d'autres situés à Balade (1881) et aussi au Pondolaï et à Pam. En avril 1880, l'administration créa sur un terrain de 1000 ha mis à disposition par John Higginson dans le cadre du contrat de Balade, le pénitencier agricole du Diahot (vallée de Ouamali), avec une première mise en concession en septembre 1881. En mars 1882, l'établissement ne comptait que 3 concessionnaires, fin décembre, 12 et un an plus tard, 41. Ce pénitencier installé sur des terres peu propices à l'agriculture (à peine 200 ha) ne connut d'ailleurs jamais un fort développement avec au mieux 70 concessionnaires installés, pour 130 mises en concession de 1881 à 1907. Fermé à cette date, il devient alors le centre administratif de la commune. En 1910, il ne restait plus que 4 concessionnaires pénaux surveillés par la gendarmerie.
Pam
A Pam, sur la rive droite de la baie Durand, un petit centre avait pris naissance dès 1871 avec l'afflux massif de mineurs australiens, puis avec la construction des entrepôts de la Compagnie de Balade. Comme point de transbordement du minerai de Balade sur des navires australiens, Pam à cette époque, avait une activité portuaire plus importante que celle de Nouméa. Une annexe de la capitainerie du port de Nouméa, avec un lieutenant de port avait été installée en avril 1871 sur un promontoire de l'île de Pam pour surveiller le trafic. Ce poste sera transféré en face, sur la terre ferme en 1876 à cause des moustiques et du manque d'eau potable. À la fin des années 1880, Pam était devenu suffisamment important pour qu'un bureau d'état-civil et un bureau de poste soient ouverts. Puis au début des années 1890, la Société des Mines du Nord qui exploitait la mine de cuivre de Pilou et celle de plomb argentifère la Mérétrice, édifia une fonderie à Pam après quelques essais infructueux de fusion faits directement à Pilou courant 1889. Il s'agissait de réduire les coûts de transport des minerais bruts vers les usines de Dapto en Australie et de Swansea en Angleterre en produisant des mattes de cuivre à 30% de teneur en utilisant de la main-d'œuvre pénale. En 1891, avec la chute des cours mondiaux du cuivre, l'usine se tourna vers la fonte de lingots de plomb. En 1902, avec la faillite de la compagnie Les Mines de Cuivre Pilou Ltd, qui avait succédé à la Société des Mines du Nord, l'usine ferma. À cette époque les frais de fusion s'avéraient prohibitifs, de 6 à 7 fois le coût du transport et des frais de fusion en Australie. Pam qui avait connu un développement important entama au milieu des années 1890 un inexorable déclin.
Le bureau d'état-civil fut fermé en septembre 1894 alors que la population civile de Pam n'excédait plus que 11 habitants. Avec la reprise de l'exploitation à Pilou en 1907 par la Société calédonienne des Mines, un chemin de fer Decauville relia la mine jusqu'à Port-Pilou, lieu de transbordement du minerai vers Pam. En effet, les hauts fonds de la baie d'Harcourt ne permettaient pas aux navires de haute mer d'aborder à ce point de la côte et le minerai devait être transporter à la baie Durand par chalands. Cet inconvénient sera résolu par le prolongement depuis Port-Pilou de la ligne ferroviaire vers la fonderie de Dilah ouverte à la mi-octobre 1910 à l'embouchure du Diahot, rive gauche. Avec la faillite de la Société calédonienne des Mines en 1913, les installations à Dilah furent démantelées et proposées à la vente en avril 1914.
Voici quelques noms de pionniers arrivés en 1873 : Dubois, Martin, Young, Guérin, Bocahut, Buisson, Kuter, Soulas, Wright, Vico, Normandon, Leroy, Surget, Oguishiku, Bozé, Mézières, Delrieu… Ils ont formé la population de Ouégoa et d'autres familles sont venues s'y installer.
(Wikipedia).
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