- Jusqu'au Moyen-Age, les
cloches étaient coulées par des moines-fondeurs et servaient au
rassemblement des moines et des chrétiens autour des nombreux
prieurés.
Au moyen-âge, les paroisses des villages
cherchèrent à se procurer également une cloche "d'heure" pour
rythmer la vie des habitants, comme cela existait au monastère
cistercien de Morimond et dans ses granges.
Ne pouvant assortir toutes les demandes de
fabrication de cloches, les moines formèrent des fondeurs civils ou
saintiers. Les premiers fondeurs connus de la région (1388-1396)
sont de Bourg Sainte Marie (52) où les moines de Molesmes avaient un
prieuré.
Jusqu'au milieu du 17ème siècle, les
saintiers lorrains furent peu nombreux. En ces périodes de troubles,
de guerre (guerre de 100 ans) et d'épidémies (peste de 1636), ils
partaient dans des régions plus calmes voire à l'étranger (Belgique,
Hollande, Allemangne).
Après la destruction de la cité lorraine de
La Mothe, en 1645, les fondeurs de l'Arsenal qui étaient à la fois
fondeurs de cloches et de canons, ont essaimé dans tous les villages
avoisinants et ont donné naissance à des familles de fondeurs
réputés sur plusieurs générations .
En revanche, le 18ème siècle jusqu'à la
Révolution fut la belle époque pour les saintiers lorrains. Chaque
printemps, ils partaient entre frères et parents avec pour bagages,
une brochette, un compas et quelques matrices pour l'ornementation
des cloches et rentraient pour l'hiver dans leur foyer.
A partir de 1820, les temps agités de la
Révolution et de l'Empire passés, nos saintiers se remettent en
campagne et vont à nouveau parcourir la France pour remplacer les
100 000 cloches détruites.
Avec l'amélioration des voies de circulation
sous Louis Philippe plusieurs d'entre eux installeront des ateliers
pour la coulée des grosses cloches et les fondeurs ambulants
disparaîtront définitivement vers 1870.
Sur le Mouzon, aux confins de la Haute-Marne,
ROBECOURT recense une famille de fondeurs depuis 1510 : les ROBERT,
venus de la Mothe, résident au village jusqu'en 1810. Au 18ème et au
19ème siècle d'autres familles itinérantes exercent leur art dans
des régions lointaines, les ANTOINE, BECUS, CHALLANT, DORMOIS,
HERBAS, LOISEAU, NAVOISET, MESMANN.
Mais ROBECOURT, cité campanaire peut
s'énorgueillir de posséder la dernière fonderie de cloches de tout
le Nord et l'Est de la France, construite au milieu du XIXème
siècle.
Trois fondeurs se sont succédés : le
fondateur, Honoré PERRIN-MARTIN de 1847 à 1873, puis Ferdinand
FARNIER de 1873 à 1914 et Georges FARNIER de 1919 à 1939, date de la
fermeture définitive de la fonderie.
Trois fours à
réverbère avec leurs fosses de coulée et leurs installations
de levage, équipent la fonderie :
- - Le premier de 12 tonnes, avec une
magnifique grue à flèche, construit à l'origine en
1847
- - Le second de 8 tonnes, avec un
pont roulant en bois, date de 1899.
- - Le troisième de 600 kgs, avec un
pont roulant en fer a été construit en 1927.
Un moulin à terre, une forge, une
menuiserie et une étuve complètent les
installations. |
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- L'ensemble des bâtiments est classé aux
monuments Robécourt Historiques depuis 1995.
- Près de 8000 cloches ont été coulées
durant près d'un siècle et leurs voix se font encore entendre à
travers le monde.
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