Poya (Nèkö) est une commune française de Nouvelle-Calédonie, la seule de cette collectivité à être à cheval sur deux provinces : celles du Nord et du Sud.
La commune fait partie de l'aire coutumière Ajië-Aro pour quatre tribus et de l'aire coutumière Paici-Camuki pour les deux autres.
Histoire
Cette région fait l'objet d'une première reconnaissance en octobre 1857, lors d'une tournée de la côte Ouest effectuée par le gouverneur Du Bouzet à bord du Styx. Toutefois, ne pouvant examiner le site de Poya, encombré par la mangrove, il se rabat sur celui de Muéo, d'un accès – une passe – plus aisé pour son navire.
Ce n'est qu'au début des années 1870, et notablement grâce aux dispositions de l'arrêté 26 janvier 1871 sur les permis d'occupation sans limites de superficie, que le front d'occupation se déplace rapidement vers le Nord de la côte ouest, atteignant alors la région de Poya, avec l'installation d'éleveurs tel le Réunionnais Routhier de Granval dès avril 1871. En 1872, on compte une dizaine d'éleveurs dans la région s'étendant du Cap Goulvain à Poya. En 1873, un ancien gendarme, Henri Houdaille, s'établit à côté de la tribu de Nékliaï. Puis en 1876, le géomètre Neigre délimite les propriétés des éleveurs Chardar, Français (à l'origine du lieu-dit Forêt Français), Escande et Brun. À la veille de l'insurrection kanake de 1878, vingt-trois propriétaires occupent diverses superficies s'étendant de la rivière du Cap à celle de Népoui.
La région est durement touchée par l'insurrection. Le 11 septembre, la station Houdaille est attaquée et son propriétaire, Henri Houdaille, est assassiné par les Kanaks. Le même jour et le lendemain, d'autres stations voisines sont pillées et plusieurs colons ou gérants sont tués, en tout 27 personnes ; puis, à la mi-octobre a lieu l'assassinat de l'équipage de trois canots remontant la rivière de Poya (13 personnes). Conséquence directe de ces massacres, la construction en 1879 de deux forts militaires dans la région, l'un à Poya, dans la mangrove, et l'autre à Muéo, sur une butte.
Au début des années 1880, avec l'ouverture à la colonisation libre du centre agricole de Koné, la question de la création d'un nouveau centre ne se pose plus. La région de Poya, et plus certainement la zone de Muéo, est toutefois retenue par la Commission nommée le 26 juin 1881 par le gouverneur Courbet, et chargée de choisir les terrains urbains destinés à former le domaine pénitentiaire, comme réserve pour l'avenir. Cependant, le Conseil privé du 14 décembre suivant délaisse la proposition : « […] Les terrains disponibles ne sont pas susceptibles de permettre la création d'un grand pénitencier, décide d'écarter ce point des réserves pénitentiaires […] ». En 1884, l'administration songe à nouveau à Poya. Une superficie d'environ 850 hectares sur la rive droite de la Poya avait été réservée dès 1876 par le Domaine en vue de constituer un lotissement. En janvier 1884, l'administration est prévenue de l'arrivée de deux convois d'immigrants par le Fontenoy puis le Nantes ; il faut alors prévoir de nouveaux terrains. En avril 1884, le nouveau centre projeté de Poya doit s'étendre sur 3 250 hectares et s'insérer dans la séquence alternative visée à l'époque d'un centre de colonisation pénale pour un de colonisation libre, Poya se trouvant entre Bourail et Muéo. Mais le décret présidentiel du 16 août 1884 sur les réserves pénitentiaires modifie les plans en réservant 4 740 hectares à Poya à l'Administration pénitentiaire, annulant du même coup le projet de centre de colonisation libre.
En 1891, Koné s'étant considérablement peuplé depuis 1888, et pour faire face à l'arrivée de nouveaux colons, des démarches sont faites auprès du Département pour que la vallée de la Poya (domaine pénitentiaire) soit enfin ouverte à la colonisation libre. Mais à nouveau le Département, dans une dépêche du 7 octobre 1891, désapprouve cette proposition . En 1892, l'ouverture de Voh en janvier puis de la Ouaménie en septembre permettront d'installer de nouveaux colons. En août 1892, alors que Voh était déjà complet, et que la Ouaménie ne pouvait guère contenir qu'une vingtaine de concessions, l'administration songea de nouveau à Poya : un domaine de 1 100 hectares, permettant d'installer 200 familles sur les 4 740 hectares possédés par l'Administration pénitentiaire ou à défaut à Témala (649 ha, pour l'installation de 30 familles pris à la fois sur les 800 ha donnés à l'Administration pénitentiaire et sur les réserves indigènes).
Il faut attendre l'année 1893 pour que la question de l'ouverture de Poya à la colonisation libre soit enfin abordée de façon plus sérieuse. Dans une dépêche ministérielle de Théophile Delcassé au gouverneur Albert Picquié datée du 2 mai 1893, le principe de l'ouverture des centres de Poya et de Témala à la colonisation libre est accepté. En juin et juillet 1893, le géomètre Martin délimite dix lots de culture avec les lots de pâturage correspondants et un emplacement de village de 92 lots de 15 ares permettant à 80 immigrants de s'installer sur 350 hectares. Entretemps, le Conseil général refuse dans ses séances des 10 et 11 juillet 1893 de supporter les dépenses imputables à la création d'un nouveau centre d'émigrants libres, précédemment « […] jugé impropre par l'Administration pénitentiaire à recevoir la colonisation de condamnés en cours de peine […] ». De plus, le budget local n'en avait pas les moyens financiers. L'année 1893 s'affichait comme une année noire pour la colonisation libre puisque plus aucun terrain n'est disponible pour les immigrants, et le projet est à nouveau abandonné.
Avec l'arrivée du gouverneur Paul Feillet le 10 juin 1894, les choses changent enfin sur le plan de la colonisation libre et Poya voit finalement le jour en 1903. (Wikipedia).
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