Païta est une commune française de Nouvelle-Calédonie, située dans la Province Sud, sur la côte ouest de la Grande Terre. Elle fait partie du Grand Nouméa dont elle constitue la périphérie restée la plus rurale. L'aéroport international de Nouméa - La Tontouta est situé sur son territoire.
La commune fait partie de l'aire coutumière Djubéa-Kaponé.
Histoire
La présence de pétroglyphes (sculptures rupestres dont les formes géométriques et cruciformes stéréotypées restent un mystère pour les archéologues quant à leur signification) au col de Katiramona3 et de tumuli (vaste dômes de terre d'origine entourant une colonne de calcaire semblable à une sorte de « chaux », datés entre 3 000 et 10 000 ans avant nos jours et dont l'origine humaine fait débat au sein de la communauté scientifique4), ainsi que les traces de tarodières au col de la Pirogue semblent témoigner d'un peuplement pré-colonial assez ancien. Le site de Naïa, situé sur le littoral de la commune, a donné son nom à deux types de poteries développées entre le début du premier siècle avant J.-C. et l'arrivée des Européens aux XVIIIe et XIXe siècles (appelée d'ailleurs période de « Naïa Oundjo » par les historiens), dites 'Naïa I (poteries à anses retrouvées essentiellement dans le sud de la côte ouest entre Bourail et l'île Ouen dans des zones exclusivement littorales) et Naïa II (poteries de petite taille et à pustules localisées elles aussi essentiellement dans le sud, sur le littoral mais également à l'intérieur des terres).
Après la prise de possession de l'archipel par la France, Païta devient le lieu des premières expériences de colonisation de peuplement libre. Ainsi, dès 1857, James Paddon, négociant et aventurier britannique, reçoit - en échange de sa propriété de l'île Nou dans la rade de Nouméa (alors encore Port-de-France) qu'il a vendu (40 000 F) à l'État français pour que celui-ci y construise une partie des infrastructures pénitentiaires du bagne - 4 000 hectares de terres à culture à Païta, dans les bassins réunis des deux rivières Karikouié et Katiramona avec une bande de terrain étroite allant jusqu'à la baie de Dumbéa. Le contrat prévoit qu'il y fasse venir 22 « individus mâles de race blanche » et leurs familles, ils seront finalement 18 à recevoir une concession dans ce qu'on appelle alors « Paddonville », en deux vagues successives. Les cinq premiers chefs de famille, à majorité d'origine allemande et ayant transité par l'Australie, signent leur contrat le 17 mars 1859 et arrivent par le Speck le 23 mai 1859 avec leurs épouses et enfants, soit en tout dix adultes et quatre enfants : il s'agit du Wurtembergeois Anton (ou Antoine) Metzger (1830-1926) et de ses deux beaux-frères Karl (ou Charles) Gaërtner (1861-1951) et M. Human, le Hambourgeois Henrich Ohlen (décédé en 1869) et l'anglais de Manchester Thomas Lynch (décédé en 1917). Il faut y ajouter les huit enfants Martin (5 garçons, dont 3 auront une descendance et 2 verront leur famille faire souche), neveux de James Paddon que celui-ci a fait venir de Portsmouth et dont deux d'entre eux (Horatio John puis, après sa mort sans descendance en 1884, Augustus) hériteront à son décès de sa propre concession. Les autres familles sont les : Abel, Alfort, Ambrose, Blair, Dotson, Gottlieb, Heister, James, les frères Riese, Sleath, Thorburn. Ils pratiquent une agriculture essentiellement maraîchère, une expérience dans la canne à sucre étant vite abandonnée. Mais les conditions difficiles poussent certains d'entre eux à repartir pour l'Australie (les Human, Alfort, Ambrose, Blair, Dotson, Gottlieb, Riese, Sleath ou Thorburn), d'autres à s'installer au chef-lieu (Gaërtner, les Ohlen dès la génération des enfants du pionnier)5,6,7. En dehors de « Paddonville », un des anciens employés de Paddon, le chinois Jemmy Song (né vers 1831, décédé à une date inconnue), ancien berger et intendant du négociant, obtient quant-à-lui une concession à Tongouin, un peu plus au nord de Païta.
Quelques années plus tard, Timothée Cheval (1814-1881), d'origine normande et jusqu'à présent restaurateur avec son frère Hippolyte à Sydney, vient tenter sa chance en Nouvelle-Calédonie au début des années 1860 et reçoit, par décret du gouverneur daté du 28 novembre 1861, 1 500 hectares (au fil des défrichages et des acquisitions, la propriété atteindra les 1 800 hectares) à La Tontouta, à charge par lui d'y introduire 6 à 8 colons européens, 100 bêtes à cornes, 16 juments et un étalon. Les candidats arrivent d'Australie par La Gazelle le 18 juillet 1862 : parmi eux essentiellement trois Irlandais originaires du Comté de Clare, James Daly (1832-1900), James O'Donoghue (1804-1883, le beau-père d'Hippolyte Cheval), Camille Hoff (né en 1834 à Paris mais marié à une nièce de James O'Donoghue et Patrick MacMahon, Anny Moloney), Patrick MacMahon (1821-1910), Michael Hugues, Patrick Munen, ainsi que les dénommés O'Connel et Ralph. Il faut également citer Fanny Austin, veuve d'un certain M. Unger, venue avec ses deux fils, ou encore le frère de Timothée, Hippolyte Cheval, venu le rejoindre en 1866. Comme pour l'expérience Paddon, certains de ces colons quitteront la Nouvelle-Calédonie sans y faire souche (les Munen, O'Connell, Ralph notamment), d'autres iront s'installer à Nouméa (Hippolyte Cheval dès 1871, les Unger et les Daly)9. Parmi les autres pionniers installés individuellement on peut citer Pierre Soulard (puis ses descendants) à La Tamoa à partir de la fin des années 1860. Beaucoup de ces exploitations vont être durement éprouvées par la révolte kanak de 1878 du grand-chef Ataï. Quoi qu'il en soit, une école et une mission catholique sont fondées en 1864, puis une commission municipale (ancêtre d'un conseil municipal, composée de trois conseillers élus par les citoyens français et désignant en leur sein un président, parfois appelé par abus de langage « maire ») est créée à Païta en 1870 sur la partie sud de l'actuelle commune et essentiellement en regroupant les concessions de l'ancienne « Paddonville », tandis que la moitié nord dite « Saint-Vincent » est dotée à son tour d'une telle institution de 1879 à 1934, date à laquelle elle est englobée dans la juridiction de celle de Païta10.
Dans le même temps, des Transportés détenus aux camps dits Mathy et Schiele servent de main d'œuvre essentielle pour le développement de la future commune de Païta : construction de routes la reliant au chef-lieu, de ponts, lutte contre les nuisibles qui menacent les récoltes (notamment les sauterelles), construction de bâtiments publics ou religieux (dont l'église de Païta en 1887) ou bien des services administratifs. Libérés, ils deviennent pour beaucoup ouvriers agricoles au service des propriétaires terriens de la région, si bien qu'en octobre 1902 on comte encore 121 libérés et relégués y travaillant11. L'exploitation du charbon de bois et la mise en service de 1914 à 1939 du « Petit Train » (ligne de chemin de fer inaugurée en 1904 pour sa première portion entre Nouméa et Dumbéa, et prolongée de 1910 à 1914 jusqu'à Païta) assurent un certain essor au village, même si l'exploitation du train est vite déficitaire, faute d'une clientèle suffisante, du coût des matières premières dues à la Première Guerre mondiale et à la concurrence de plus en plus forte de l'automobile.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Païta se fait remarquer en étant le point de ralliement des Caldoches majoritairement favorables à la France libre contre le gouverneur Denis qui, pour sa part, a pris parti pour le régime de Vichy. Il sera finalement obligé de fuir pour être remplacé par le gaulliste Henri Sautot dès le 13 septembre 1940. Deux ans plus tard, lorsque les forces américaines débarquent sur l'île pour organiser la défense du Pacifique sud contre l'avancée japonaise, ils installent leur principal aérodrome sur le territoire de la commune, à Tontouta, ancêtre de l'actuel aéroport international.
Après la guerre, et tout particulièrement à partir des années 1960, Païta bénéficie de l'activité générée par l'aéroport, de l'immigration continue de Wallisiens et Futuniens - qui forment aujourd'hui la seconde communauté de la municipalité, suivant de peu les descendants d'Européens (« Caldoches ») et devençant les Kanaks - et de l'expansion urbaine du Grand Nouméa. Païta est en effet la dernière commune en date à avoir été atteinte, après le Mont-Dore et Dumbéa, et est actuellement celle qui connaît la plus forte croissance démographique (6,7 % par an en moyenne entre 1996 et 2004). L'étalement du bâti s'est surtout fait sous la forme de lotissements d'habitats individuels se développant en « doigt de gant » le long de la voie express n°2 (ou Savespress, voie rapide ouverte en 1979 pour relier Nouméa à Païta plus rapidement que la sinueuse RT 1 qui passe à l'intérieur des terres et doit ainsi traverser plusieurs cols), avec les logements sociaux de Julisa ou les résidences pavillonnaires de Savannah, Val Boisé, Beauvallon et Naïa, dans la partie orientale. Païta voit sa commission municipale remplacée par un conseil municipal en 1961 pour devenir une commune à part entière selon le droit français par la troisième loi dite Billotte de 1969, au même titre que toutes les autres anciennes commissions municipales. (Wikipedia).
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